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A propos...

Photo mentale d'un pays, d'une région qu'on a effleurée pour y avoir passé quelques jours ou semaines, le temps d'un week-end en amoureux en Italie, de vacances en Thaïlande ou dans les steppes mongoles, d'un stage aux US, d'une passade amoureuse, ou plus longtemps, des années, expat' d'Afrique ou d'Asie en perpétuel jet-lag. Une anecdote, une impression, un je-ne-sais-quoi, qui donne un vague sentiment de regret d'un fantasme d'ailleurs.
C'est ça, les relations de passage, avec l'ambition un chouïa improbable de se trouver au point où se croiseraient Raymond Carver, Nicolas Bouvier et le Guide du routard...

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Fond sonore

14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 21:27
En me réveillant ce matin, j'avais encore la tête pleine du cabarnet d'hier soir. Mark et moi ne nous étions pas vus depuis trois ans. Heather, sa femme, n'était pas venue "Vous avez sûrement tellement de choses à vous dire tous les deux".
A vrai dire, très peu. C'est peut-être la raison pour laquelle nous avons tant bu. Mark parlait en français. Beaucoup, buttant sur les mots mais sans jamais abdiquer. Je savais la fierté coquette qu'il tirait à s'exprimer "dans la langue de Molière", comme il disait.
De toute façon, mon anglais n'était certainement pas meilleur.

Nous sommes rentrés à pied, passablement bourrés ; il y avait bien une demi-heure de marche. Et pendant que j’avançais péniblement, las et nauséeux, Mark comblait sans aucune difficulté les vides que je laissais dans la conversation en me concentrant sur la rectitude de ma démarche. Raleigh, m'expliquait-il, est une ville typiquement américaine, ennuyeuse et provinciale -il disait « provinciale » comme on ne le disait  plus depuis très longtemps à Paris. Et la North Carolina, c'est la province aussi..."

Arrivé chez lui, dans une de ces petites maisons proprettes qui aurait fait sourire tous ceux qui l'avaient connu il y a dix ans, je me suis effondré sur le canapé, sans avoir pris le temps de sourire.
Je me suis réveillé 6 heures après, et, cette fois, c'est un un gros mal de tête plein de rouge et d'ennui qui m'empêchait de sourire...
Il était tôt encore, mais avec le décalage, je n'arrivais pas à m'endormir. Je me suis donc levé, sorti pour faire un tour. Il faisait un peu frisquet, mais c'était agréable, cette exploration d'une ville étrangère au travers du prisme opaque de la gueule de bois.
Je suis tombé sur un genre d'épicerie / boulangerie dans le coin. Un indien ou un pakistanais tenait la boutique. J'ai pris des croissants, et il m'a dit "do you want me to heat it?". Son accent ou le mien, va savoir : je comprenais "to eat it". j'ai dû lui jeter un regard pas frais, il a répété... j'ai dû bredouiller "sorry what ?".. il m'a redit encore une fois en s'énervant "heat it?" en montrant les croissants puis le micro-onde. C'est seulement là que j'ai pigé. J'ai éclaté de rire. Il m'a regardé complément affolé. J'ai pris mes croissants, et suis retourné chez Heather et Mark. Je ne leur ai jamais raconté ce petit épisode, je crois que j'avais vaguement honte.

En attendant, je me demande si ce n'est pas à peu près l'un des seuls trucs digne d'être raconté de ma visite à Raleigh, Caroline du Nord.
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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 21:36
"Elle avait trouvé un V.I.E., à Boulder, dans le Colorado. A côté de Denver, en fait. 1 an dans un camp d'handicapés, avec un tas de trucs développement durable, tout ça... Tu sais comme elle était...
Enfin... est.
Moi, j'étais pas mal pris par le boulot à ce moment là, et, elle, elle ne savait pas trop quoi faire, et ne se voyait pas trop débuter une carrière de ménagère de moins de 50 ans à 22 ans.
On peut la comprendre, remarque.
Du coup, tout n'allait pas si bien que ça dans le couple.
A vrai dire, on était même plutôt mal barré, et nous étions à deux doigts de casser...

Partir, pour elle, était inespéré. On s'était dit qu'on se laissait du temps, que je viendrais la voir.

C'est comme ça que, 4 mois après, j’ai débarqué à Denver. Elle ne pouvait pas venir me chercher, elle bossait. J'étais censé aller à Boulder en train, puis prendre un bus pour aller au camp.
Un bordel.
Surtout qu'à l'aéroport, ils avaient paumé mes bagages. Comme quoi, ça arrive... Autant te dire qu'après dix heures de vol, en plein décalage horaire, ben.. t’es pas super patient.
J'ai attendu 2 heures avant qu'ils me disent qu'apparemment mes valises avaient voulu faire un peu de rab d'avion et qu’il faudrait que je revienne demain. J'étais fou.
Je ne savais pas trop quoi faire, mais je suis quand même allé à Boulder, en me disant qu’avec un peu de pot, quelqu’un pourrait venir les chercher, ces bagages. Quoi faire d’autre, de toute façon ?
Le temps que je me pose, prenne le train, trouve le bus, ça a bien dû prendre 3 autres heures…
Et, arrivé au camp… Elle n'était pas là. Partie en excursion. Elle ne m'avait pas dit. Là, je tirais franchement la gueule, et, honnêtement, je me demandais vraiment ce que je foutais là..
Mais les gens étaient sympas, tu vois le genre, babos américains, quoi… ils m’ont montré sa piaule. Je ne croyais pas que je m’endormirais…. trop excité.
Et pourtant si.
C’est elle qui m’a réveillée en entrant… Je dormais à poings fermés. Je lui ai souri, j’ai dû vouloir l’embrasser. Elle m’a dit tout de suite un truc du genre « Ecoute, faut qu’on parle… ».. J’avais compris déjà. Rien qu’à voir la tronche, normalement, tu piges ce genre de trucs, même si, c'est vrai, j’avais du mal à y croire après tout ce périple. Bref,  elle a commencé à expliquer sa petite histoire. Elle avait bien réfléchi sur elle et moi, sur nous, le futur... Je ne te fais pas un dessin, j'imagine que ce qu'on dit dans ces cas-là est du domaine du cerveau reptilien, que c'est toujours la même chose depuis l'invention du langage.
Moi, je l’ai à peine regardée. Je me suis tout simplement remis dans les couvertures. Ça l’a étonnée, faut croire ; elle continuait à expliquer, mais moi, ben j’étais sur le lit, et.. Je me suis réellement endormi. Je ne l’ai même pas entendue quitter la pièce.

Colorado carte postaleLe lendemain, j’ai repris le bus dans l’autre sens. Bon, ça n’a pas été simple, mais je te passe les détails.

Le plus drôle -enfin, le plus drôle maintenant, parce que sur le coup, ça ne m’a pas fait rire-… C’est qu’à l’aéroport, ils ont mis une semaine à récupérer mes bagages. Et que j'ai rongé mon frein pendant tout ce temps à Denver.
C'est dommage, ca avait l'air sympa, Boulder,  un peu le Besançon américain, mais bon, sympa..."
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