14 janvier 2010
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21:27
En me réveillant ce matin, j'avais encore la tête pleine du cabarnet d'hier soir. Mark et moi ne nous étions pas vus depuis trois ans. Heather, sa femme, n'était pas venue "Vous avez sûrement tellement de choses à vous dire tous les deux".
A vrai dire, très peu. C'est peut-être la raison pour laquelle nous avons tant bu. Mark parlait en français. Beaucoup, buttant sur les mots mais sans jamais abdiquer. Je savais la fierté coquette qu'il tirait à s'exprimer "dans la langue de Molière", comme il disait.
De toute façon, mon anglais n'était certainement pas meilleur.
Nous sommes rentrés à pied, passablement bourrés ; il y avait bien une demi-heure de marche. Et pendant que j’avançais péniblement, las et nauséeux, Mark comblait sans aucune difficulté les vides que je laissais dans la conversation en me concentrant sur la rectitude de ma démarche. Raleigh, m'expliquait-il, est une ville typiquement américaine, ennuyeuse et provinciale -il disait « provinciale » comme on ne le disait plus depuis très longtemps à Paris. Et la North Carolina, c'est la province aussi..."
Arrivé chez lui, dans une de ces petites maisons proprettes qui aurait fait sourire tous ceux qui l'avaient connu il y a dix ans, je me suis effondré sur le canapé, sans avoir pris le temps de sourire.
Je me suis réveillé 6 heures après, et, cette fois, c'est un un gros mal de tête plein de rouge et d'ennui qui m'empêchait de sourire...
Il était tôt encore, mais avec le décalage, je n'arrivais pas à m'endormir. Je me suis donc levé, sorti pour faire un tour. Il faisait un peu frisquet, mais c'était agréable, cette exploration d'une ville étrangère au travers du prisme opaque de la gueule de bois.
Je suis tombé sur un genre d'épicerie / boulangerie dans le coin. Un indien ou un pakistanais tenait la boutique. J'ai pris des croissants, et il m'a dit "do you want me to heat it?". Son accent ou le mien, va savoir : je comprenais "to eat it". j'ai dû lui jeter un regard pas frais, il a répété... j'ai dû bredouiller "sorry what ?".. il m'a redit encore une fois en s'énervant "heat it?" en montrant les croissants puis le micro-onde. C'est seulement là que j'ai pigé. J'ai éclaté de rire. Il m'a regardé complément affolé. J'ai pris mes croissants, et suis retourné chez Heather et Mark. Je ne leur ai jamais raconté ce petit épisode, je crois que j'avais vaguement honte.
En attendant, je me demande si ce n'est pas à peu près l'un des seuls trucs digne d'être raconté de ma visite à Raleigh, Caroline du Nord.
A vrai dire, très peu. C'est peut-être la raison pour laquelle nous avons tant bu. Mark parlait en français. Beaucoup, buttant sur les mots mais sans jamais abdiquer. Je savais la fierté coquette qu'il tirait à s'exprimer "dans la langue de Molière", comme il disait.
De toute façon, mon anglais n'était certainement pas meilleur.
Nous sommes rentrés à pied, passablement bourrés ; il y avait bien une demi-heure de marche. Et pendant que j’avançais péniblement, las et nauséeux, Mark comblait sans aucune difficulté les vides que je laissais dans la conversation en me concentrant sur la rectitude de ma démarche. Raleigh, m'expliquait-il, est une ville typiquement américaine, ennuyeuse et provinciale -il disait « provinciale » comme on ne le disait plus depuis très longtemps à Paris. Et la North Carolina, c'est la province aussi..."
Arrivé chez lui, dans une de ces petites maisons proprettes qui aurait fait sourire tous ceux qui l'avaient connu il y a dix ans, je me suis effondré sur le canapé, sans avoir pris le temps de sourire.
Je me suis réveillé 6 heures après, et, cette fois, c'est un un gros mal de tête plein de rouge et d'ennui qui m'empêchait de sourire...
Il était tôt encore, mais avec le décalage, je n'arrivais pas à m'endormir. Je me suis donc levé, sorti pour faire un tour. Il faisait un peu frisquet, mais c'était agréable, cette exploration d'une ville étrangère au travers du prisme opaque de la gueule de bois.
Je suis tombé sur un genre d'épicerie / boulangerie dans le coin. Un indien ou un pakistanais tenait la boutique. J'ai pris des croissants, et il m'a dit "do you want me to heat it?". Son accent ou le mien, va savoir : je comprenais "to eat it". j'ai dû lui jeter un regard pas frais, il a répété... j'ai dû bredouiller "sorry what ?".. il m'a redit encore une fois en s'énervant "heat it?" en montrant les croissants puis le micro-onde. C'est seulement là que j'ai pigé. J'ai éclaté de rire. Il m'a regardé complément affolé. J'ai pris mes croissants, et suis retourné chez Heather et Mark. Je ne leur ai jamais raconté ce petit épisode, je crois que j'avais vaguement honte.
En attendant, je me demande si ce n'est pas à peu près l'un des seuls trucs digne d'être raconté de ma visite à Raleigh, Caroline du Nord.