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A propos...

Photo mentale d'un pays, d'une région qu'on a effleurée pour y avoir passé quelques jours ou semaines, le temps d'un week-end en amoureux en Italie, de vacances en Thaïlande ou dans les steppes mongoles, d'un stage aux US, d'une passade amoureuse, ou plus longtemps, des années, expat' d'Afrique ou d'Asie en perpétuel jet-lag. Une anecdote, une impression, un je-ne-sais-quoi, qui donne un vague sentiment de regret d'un fantasme d'ailleurs.
C'est ça, les relations de passage, avec l'ambition un chouïa improbable de se trouver au point où se croiseraient Raymond Carver, Nicolas Bouvier et le Guide du routard...

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Fond sonore

7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 21:34
Installé dans le train, confortablement installé pour un long voyage.
Dans mon champ de vision, parmi les voyageurs, un couple face à face, lui, de trois-quart dos, s'agite, elle, de face, dort. Elle est d'un physique plutôt anodin, voire plutôt laide.
Il sort un tapis de feutre rouge qu'il dispose devant lui avec minutie, sort des cartes à jouer. Il les mélange, les brasse, coupe, étale le paquet, le rassemble, avec dextérité et emphase; les gestes sont démonstratifs et maniérés. Pas une écornure, encore brillantes, et pourtant, ces cartes ne sont pas neuves, elles sont le prolongement de ses mains, et on sent qu'elles sont ses compagnes de toujours et pour encore longtemps. L'homme est un magicien qui profite de son trajet pour répéter un numéro pas tout-à-fait au point, il prend des notes sur un grand cahier bien rempli. Ses lèvres bougent, et j'entends déjà les "mesdames, messieurs!" "sous vos yeux" "comme jamais vous n'avez imaginé"... Le petit tapis rouge à lui seul prend le rôle de chapiteau, des paillettes et des étoiles... Et tout s'éclaire, il voyage de ville en ville, la tournée dure depuis des semaines...
Elle, plus que son amie, sa femme, est aussi sa partenaire de scène. De petite bonne-femme qui fait la sieste, elle prend le rôle de compagne de route pour un périple hallucinant. Le manteau rouge de madame tout le monde qui la couvre prend le rouge du spectacle; son cheveu terne devient crinière brillante au repos; Ce petit corps pataud devient plantureux dès qu'il est transposé dans un corset scintillant, la taille galbée dans le satin, les jambes prolongées de talons sans fin. Elle va risquer la découpe contorsionnée dans son caisson roulant, elle va faire le show en traversant la scène d'un pas sec et le corps ondulant. Ses bras se déroulent, ses seins explosent et ses cuisses décident. Elle est la femme, il n'est que magicien.

Le train ralentit. Elle se réveille. Pas de regard. Elle enfile son manteau rouge, laisse tomber une paillette. Elle descend son sac du porte-bagage dans une chorégraphie rythmée par les tambours. Le train s'arrête. Elle descend.
Imperturbable, le magicien retourne une carte.
Je n'ai pas vu le truc.

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